Sexualite & porno, entre fiction et realite

Le porno, beaucoup de personnes en regardent et on entend plein de choses à son sujet, mais finalement on a souvent du mal à en parler librement et sans tabou.

On ne cherche pas à démntrer que le porno c’est bien ou mal, même si l’on doit évidemment rappeler que c’est interdit au moins de 18 ans. Cela dit, quand on intervient en classe à l’occasion de séances d’éducation à la sexualité, les jeunes sont souvent nombreux·ses à poser des questions sur le sujet. Alors,  on va essayer de déblayer un peu tout ça !

 Le porno est une fiction

Alors première chose : ça paraît évident mais c’est important de se rappeler que ce qu’on voit dans le porno c’est un spectacle, une mise en scène, et comme dans n’importe quel spectacle il y a des personnes qui sont engagées pour donner une performance, et certains artifices sont utilisés pour créer plus d’effet chez les spectateur·ice·s.                                       

Les acteurs sont généralement sélectionnés pour leurs mensurations au-dessus de la moyenne, entre autre pour que ce soit techniquement plus simple pour filmer les scènes de pénétration, comme ça on voit bien tout en détail. Ensuite les films sont tournés avec des objectifs grand angle qui vont faire un effet zoom et vont grossir encore plus les sexes, mais aussi les fesses, les seins, etc.
Alors, c’est sûr que si on compare notre anatomie avec ce qu’on voit dans les pornos, on risque de se retrouver avec 2 ou 3 complexes.
Pour info, en France la taille moyenne d’un pénis en érection est de 13,5 cm.

Ensuite, au niveau de la performance, là aussi il y a pas mal de petits subterfuges qui sont utilisés pour nous faire croire que les acteurs sont des espèces de machines à l’endurance incroyable.

Premièrement, un tournage c’est plusieurs heures pour obtenir au final un film d’une dizaine de minutes. Ils font des coupes, en réalité, les acteurs ne tiennent pas en érection non-stop comme les films le laissent penser. Ils font des pauses, ils vont boire un coup, ils se reposent entre deux prises.
Parfois ils utilisent aussi des produits pour maintenir leur érection plus longtemps. Bref c’est truqué, et dans la vraie vie, c’est impossible de tenir aussi longtemps que dans les films. D’ailleurs en vrai, un rapport sexuel avec pénétration dure en moyenne autour de 5 minutes.

Ensuite, au niveau de l’éjaculation, on a toujours l’impression que les acteurs produisent de grandes quantités de sperme.

Alors, pour ça il y a aussi plusieurs astuces : déjà en général, les acteurs éjaculent en début de tournage quand ils ont une grande quantité de sperme, puis cette scène est placée à la fin lors du montage. Le montage aide aussi à rallonger les scènes d’éjaculation en filmant avec plusieurs angle de vue. Et enfin, bien souvent on rajoute d’autres substances au sperme pour faire croire qu’il y en plein, comme du Gaviscon ou même des mélanges à base de maïzena.
Dans la vraie vie, on éjacule seulement entre 2 et 8 ml de sperme.

Du côté des actrices c’est pareil, on rajoute du lubrifiant pour faire croire à des sécrétions vaginales très abondantes et immédiates, on rajoute de l’eau en cas d’éjaculation vaginale, et les orgasmes sont souvent simulés.

Pareil pour les représentations corporelles : les actrices et les acteurs qu’on peut voir dans le porno ont des corps très standardisés : minces, musclés, jeunes…
Les vulves aussi se ressemblent toutes : épilées, maquillées, avec des petites lèvres qui ne dépassent jamais les grandes. En réalité, toutes les vulves sont différentes et certaines actrices ont recours à des opérations de labiaplastie.
Et même les anus y passent : il existe des tatouages couleur chair ou des techniques de dépigmentation qu’on appelle anal bleaching pour leur donner cet aspect rose uniforme.

Bon tu l’as compris, beaucoup d’artifices sont utilisés pour que les corps correspondent à certains critères de beauté.
C’est important de se rappeler qu’en réalité il n’y a pas de norme imposée, tu rencontreras probablement des corps très variés.

Des pratiques restreintes

Autre élément très codifié dans le porno : les pratiques. On a souvent le même format qui revient : c’est l’enchaînement fellation, pénétration, éjaculation masculine sur le corps ou le visage de sa ou ses partenaires. Alors qu’en vrai les choses s’enchaînent rarement de la même façon. Il y a beaucoup d’autres pratiques possibles, et puis on peut prendre son temps parce qu’on n’a pas un scénario à suivre.

Si on ne s’inspire que de ces pratiques répétitives qu’on voit dans les films, on risque quand même beaucoup de se restreindre et de limiter tout ce qu’on pourrait explorer.

Et puis il y a plein de trucs du sexe de la vraie vie qui ne sont pas montrés dans les films : les moments de complicité, quand on se parle, quand on rigole parfois, quand on a soif, quand on a chaud, quand on a envie de faire pipi, etc.

Les acteur·ice·s porno se font dépister

Un autre truc qu’on ne voit pas dans le porno c’est tous les tests de dépistage IST que passent les acteurs et les actrices pour pouvoir avoir des rapports sexuels sans capote avec différent.e.s partenaires. Ces tests doivent être effectués très régulièrement et si l’acteur.ice chope une IST il ou elle arrête les tournages, et pourra recommencer à travailler à sa guérison.
C’est cool d’en avoir conscience car si on ne le sait pas, on peut penser que c’est ok de se passer de capotes alors qu’en réalité si tu fais ça, tu t’exposes à pas mal de risques.

 

Les représentations genrées

Au niveau des représentations femme/homme, on observe très souvent dans les films pornos les mêmes schémas : les hommes sont montrés dominants et les femmes plutôt passives ou en positon de soumission. Les pratiques qu’on nous montre sont parfois violentes : double ou triple pénétration, claques, etc. Le consentement n’est jamais abordé. Dans le porno, on part du principe que la partenaire a toujours envie, est toujours ok pour toutes les pratiques, ou bien quand elle dit non il suffit de forcer un peu pour qu’elle soit d’accord. En fait dans les films comme dans la vie, ça s’appelle un viol.

Et ce genre de modèle peut être très problématique dans nos pratiques sexuelles si on n’arrive pas à prendre du recul et à avoir un esprit critique sur ce qu’on voit.

Un autre souci dans le porno mainstream (le porno qui est diffusé sur les grosses plateformes souvent gratuit et qui est très normé), c’est le manque de diversité au niveau des orientations sexuelles et des identités de genre qui sont représentées. On y voit majoritairement des personnes cisgenre et hétéro, parfois on y voit des pratiques lesbiennes mais c’est toujours pour exciter le personnage masculin. D’ailleurs tout le porno mainstream se construit en fonction du désir masculin car il est produit par des hommes hétéros à destination des hommes hétéro, même si de plus en plus de femmes en regardent aussi.

 

Parler de ses limites et de ses envies avec ses partenaires

Ce qu’on voit dans les films porno c’est un type de rapport sexuel très particulier, et là où ça peut être compliqué pour nous, c’est si on a que ça pour nous informer sur ce qu’est la sexualité.
Pour que tout se passe bien, n’hésite pas à discuter avec ton·ta·tes partenaire pour parler de tes envies et de tes limites, et pour connaître les siennes.